L’année 2020 s’est révélée exceptionnelle pour de bonnes et moins bonnes raisons. Si la crise économique et sanitaire a touché toute l’économie et toutes les industries, le développement des marchés de crypto-actifs a néanmoins poursuivi sa course : institutionnalisation, réglementation, adoption, innovation et même inflation.

Dans ce document, l’Adan propose de revenir sur les événements les plus significatifs de l’année écoulée et partage ses prévisions concernant l’évolution de l’industrie en 2021. L’Association émet également certaines recommandations aux secteurs public et privé, ainsi qu’aux utilisateurs d’actifs numériques, afin d’accompagner la dynamique engagée en 2020 et les promesses de 2021.

2020 : Des évènements marquants pour le secteur 

L’institutionnalisation en marche : banques centrales, régulateurs et superviseurs 

Côté Vieux Continent : 

Côté Nouveau Monde :

Les entreprises privées traditionnelles entrent dans la danse

Les marchés et l’innovation ne s’essoufflent pas

L’Adan atteint 60 membres en un an d’existence.

2021 : Tendances et prévisions

L’institutionnalisation des crypto-actifs devrait poursuivre sa route

  • L’encadrement réglementaire devrait se poursuivre dans le monde entier. A l’issue de l’année 2021, toutes les plus grosses plateformes d’échange de crypto-actifs devraient être régulées dans une juridiction conforme aux standards du FATF/GAFI (Etats-Unis, UE, Asie).
  • Les DAO – organisations collectives automatisées – pourraient bénéficier d’une reconnaissance légale et pourraient s’enregistrer légalement (projet en cours au Wyoming). Les juridictions les plus précurseurs en la matière bénéficieraient de la nouvelle dynamique économique de ces nouvelles structures décentralisées. 
  • Mais l’attention portée sur ces actifs pourrait entraîner une surréaction des autorités réglementaires et des institutionnels avec des risques à long terme pour leur développement. Ces décisions pourraient prendre la forme d’une sur-régulation voire interdiction des non-hosted wallets, de la mise en place obligatoire d’une travel rule inadaptée, de refus fermes de traiter avec les crypto-actifs, etc.
  • Les projets de monnaie numérique de banques centrales (MNBC) ne devraient pas connaître d’avancées majeures.
  • Des actions judiciaires contre des projets illicites ou en défaut de conformité (par exemple, à l’encontre d’offres de titres financiers non enregistrées, de plateformes non-régulées, d’arnaques, etc.) devraient contribuer à assainir le marché. 

L’interconnexion entre le monde traditionnel et l’industrie des actifs numériques pourrait s’intensifier

  • L’industrie devrait croître rapidement en taille et en visibilité. Dans le sillage de Coinbase, d’autres entreprises du secteur pourraient s’introduire en bourse. 
  • Il est probable que la finance traditionnelle embrasse le marché des crypto-actifs, que ce soit pour conserver des actifs, opérer des plateformes ou déployer des projets de finance décentralisée. Au moins une grande banque pourrait créer une offre de conservation et offrir l’accès aux crypto-actifs à ses clients par l’intermédiaire d’un broker réglementé. 
  • En parallèle, les entreprises du secteur devraient poursuivre leur institutionnalisation. Il est très probable qu’une grande entreprise du secteur devienne une banque de plein exercice et offre des services de crédit. 
  • Une bulle liée à l’intérêt croissant porté aux cas d’usage “DeFi” (finance décentralisée) risque de se former. Le cas échéant, son explosion entraînerait la fin de nombreux projets plus ou moins sérieux : cet assainissement général du marché permettrait à certains de se démarquer et de continuer leur développement.
  • La première offre de paiement en stablecoins populaire pourrait voir le jour, entraînant l’explosion des volumes de paiement dans ces actifs. En parallèle, un nombre croissant d’entreprises pourraient accepter les paiements en crypto-actifs et fonctionneraient sans compte bancaire.
  • L’industrie pourrait vivre son “moment RGPD”. Les entreprises déployeraient des efforts considérables pour leur mise en conformité. Néanmoins, il est probable que certaines d’entre elles refusent de telles contraintes : elles disparaîtraient alors ou se tourneraient vers des juridictions moins strictes voire sans régulation. La question des connexions entre ces deux “industries” se poserait inévitablement.
  • Le développement d’offres de formation dédiées, ou de modules ad hoc au sein des diplômes, pourrait se généraliser au sein des établissements de l’enseignement supérieur.
  • L’épargne en crypto-actifs devrait se banaliser, avec une inflation significative du nombre de fonds spécialisés et du nombre d’entreprises choisissant de placer une partie de leur trésorerie en crypto-actifs. Par conséquent, le nombre de particuliers et d’entreprises détenteurs de crypto-actifs augmenterait considérablement.

Les marchés et l’innovation devraient continuer leur ascension 

  • Les progrès techniques ne devraient pas s’essouffler : layer 2, généralisation des solutions de paiement, déploiement de mises à jour techniques ambitieuses, etc.
  • La capitalisation totale des crypto-actifs devrait continuer de s’apprécier fortement, par la conjonction du développement exponentiel de la demande, de la généralisation du staking qui diminue la masse en circulation, et du développement de nouveaux usages et produits attirant de nouvelles catégories d’acheteurs.
  • Une prise de conscience généralisée de l’intérêt des réseaux publics et de l’innovation qu’elle permet autour des réseaux de valeur et des nouveaux cas d’usage pourrait provoquer l’abandon de nombreux projets de consortiums privés.
  • L’explosion du volume et de capitalisation des stablecoins US devrait se poursuivre, avec la bénédiction des régulateurs (FinCEN et OCC) et des partenariats accrus avec l’industrie du paiement (VISA en premier lieu).
  • Si les règlements européens limitent l’innovation des usages décentralisés de façon excessive, ceux-ci continueraient néanmoins à exister en dehors de toute réglementation. Deux catégories d’utilisateurs de crypto-actifs coexisteraient, selon qu’ils utilisent ou non des outils purement décentralisés (DAOs, identité décentralisée, etc.).

L’Adan devrait atteindre les 120 membres.


2021 : Recommandations et bonnes résolutions

L’élan impulsé par 2020 promet une année 2021 ambitieuse pour le développement de l’écosystème. Afin d’accompagner le secteur, l’Adan émet quelques recommandations à l’attention des différentes parties prenantes concernées par cette dynamique : 

A l’attention des décideurs politiques 

  • Accompagner le développement des entreprises en associant des messages positifs aux crypto-actifs, en évitant de relayer des “intox”. Cet écosystème participe au dynamisme du tissu productif français, et montre une résilience remarquable en cette période économique et sanitaire perturbée.
  • Déployer des actions ciblées et concrètes pour accélérer le développement de l’infrastructure nationale de marché sur les crypto-actifs (plateformes d’échange, brokers, fonds, market makers, stablecoins, etc.). Les crypto-actifs constituent un enjeu de souveraineté, à l’image de l’industrie bancaire ou financière. Il est nécessaire de favoriser le développement d’acteurs experts d’importance significative.
  • Assurer un cadre législatif et réglementaire ambitieux qui protège les investisseurs et les consommateurs tout en permettant le plus haut degré d’innovation possible, notamment dans le domaine des stablecoins ou de la finance décentralisée (DeFi).
  • Surveiller particulièrement le développement et la valorisation des crypto-actifs afin d’en évaluer le potentiel économique à moyen ou long terme.

A l’attention des autorités de régulation et supervision 

  • Maintenir une connaissance à jour des marchés et des innovations. Le ralentissement des modifications réglementaires devrait permettre d’observer et comprendre les marchés afin de les encadrer de façon adaptée et proportionnelle.
  • Étendre le champ des échanges avec les acteurs de l’écosystème pour bénéficier d’une vision à long terme sur les crypto-actifs et leurs usages.
  • Accélérer le traitement des demandes d’enregistrement des PSAN ; s’engager sur un calendrier précisément établi et limiter au maximum les latences considérant l’impact délétère d’une suspension durable de l’activité des acteurs.
  • Intégrer le facteur compétitivité aux réflexions réglementaires.

A l’attention des acteurs bancaires et financiers 

  • Créer un dialogue avec les acteurs dans une relation de confiance mutuellement gagnante. Comprendre et saisir les opportunités de marché et les nouvelles offres ou produits qui peuvent être créés sur les crypto-actifs.
  • Devenir le premier de cordée sur des avancées telles que le développement d’offres dédiées au secteur, des services de paiement en stablecoins, etc. 

A l’attention des entreprises traditionnelles 

  • Ne pas se fermer à la richesse des technologies blockchains, notamment s’ouvrir à considérer le recours aux réseaux publics. Sauter le pas ! 
  • Diversifier les placements de trésorerie avec des crypto-actifs et se familiariser avec la technologie sous-jacente et ses contraintes (clés privées, portefeuilles, smart-contracts, etc.)

A l’attention des futurs utilisateurs 

L’investissement et l’épargne dans les crypto-actifs nécessitent de connaître les bases et les bonnes pratiques liées à la détention et l’échange de ces actifs du fait de leur singularité par rapport aux produits et services financiers classiques. Il existe de très bonnes ressources en ligne pour les autodidactes, et une association dont la mission est d’accompagner les utilisateurs de crypto-actifs.

L’Adan se met à la disposition de toute personne intéressée afin d’échanger sur le contenu de cette note stratégique.